Regard’Art, des créations, un langage, un public

Véronique Giot, Directrice du Pôle Accueil Spécialisé et Isabelle Moschler, Directrice Adjointe reviennent sur la genèse de cette initiative née dans le Bas-Rhin.

Les auteurs des créations artistiques en location à l’artothèque sont des personnes en situation de handicap mental accueillies dans nos établissements et services.

Dans le cadre d’ateliers artistiques, deux plasticiennes interviennent régulièrement (voir témoignage ci-dessous).

Grâce à elles, les résidents expriment leurs capacités créatrices et leur sensibilité.

Au fil des années, plus de 1000 réalisations ont été produites par une soixantaine de résidents. Stockées, elles n’avaient personne à qui parler. L’idée de l’artothèque est née alors avec cette volonté d’engager le dialogue entre les personnes artistes et le public.

Les objectifs de l’artothèque :

  • Soutenir et développer la création artistique comme vecteur de promotion sociale et d’intégration pour les personnes handicapées en grande dépendance.
  • Créer du lien social à travers les échanges entre les personnes valides et les personnes handicapées dont les productions artistiques sont présentées dans la galerie virtuelle, lors d’exposition ou lors du prêt.
  • Changer le regard porté sur la personne en situation de handicap
  • Sensibiliser le grand public dans le but de faire évoluer le regard porté sur le handicap.
  • Faire découvrir les capacités créatrices des personnes à travers leurs productions artistiques.
  • Valoriser le potentiel de la personne handicapée à travers l’art.
  • Regarder la personne sous l’angle de ses potentialités et de la richesse apportée par sa différence.
  • Rendre actrice la personne handicapée dans sa démarche d’intégration en participant au projet Artothèque.
  •    Améliorer la qualité de vie au sein des établissements.

Pour les entreprises, la galerie Regard’Art propose des packs exposition : une collection de 8 à 10 tableaux pour une durée de 3 mois. Ainsi, depuis sa création, des dizaines d’expositions ont été mises en places dans les entreprises alsaciennes.

giot-moschler.jpg

Isabelle Moschler, Directrice Adjointe et Véronique Giot, Directrice du Pôle Accueil Spécialisé

ACTUALITÉS

L’artothèque expose en 2018 :

  • Exposition « Portraits » de Véronique Moser
    Siège administratif – 2 avenue de Strasbourg – Didenheim
  • à l’Assemblée Générale de l’association le 23 juin
  • Dans différents établissements de l’Association
  • Projet avec le Parc Régional des Vosges du Nord à l’automne 2018

Pour en savoir plus, suivez notre agenda en ligne sur www.adapeipapillonsblancs.alsace


TÉMOIGNAGE

Avant l’exposition, la création… l’artothèque côté atelier

Véronique Moser et Valérie Grande, toutes deux artistes plasticiennes animent des ateliers au sein des établissements et services du Bas-Rhin.
Les productions plastiques réalisées au fil des années et de la passion des résidents constituent le fonds de l’artothèque.

Entrez dans leur univers.

Une ambiance sereine et une effervescence créative se dégagent de l’atelier plastique de Duttlenheim où Valérie et Véronique accueillent chacune 3 fois par semaine les résidents de l’association ou d’établissements partenaires.

Dans l’atelier de Valérie, Jean-Eric, Virginie, Kelly s’attachent aujourd’hui à reproduire une coupe de pensées annonciatrices de printemps et de balades nature, carnet de croquis à la main.

Jean-Eric présente ses travaux colorés. Nés d’une imagination intense, les carrés, les ronds, les triangles s’imbriquent aisément dans tout l’espace de sa toile pour donner naissance à des animaux fantastiques, des fleurs luxuriantes, des paysages élaborés…

À pas feutrés, nous quittons l’atelier. Plongeons dans l’histoire de l’artothèque avec Véronique, qui partage son temps depuis 1994 entre son atelier d’artiste et l’Adapei Papillons Blancs d’Alsace.

Les 1ers ateliers animés par Véronique ont débuté à la Résidence de la Grossmatt.

« À cette époque, ma cherche plastique portait sur la maladresse du geste dans le dessin et je recherchais à échanger avec des personnes handicapées qui ne choisissaient pas ces maladresses.

Tout s’est construit d’abord autour d’échanges avec les résidents sur mon travail, il y a eu comme un coup de foudre et depuis je n’ai pas cessé de développer des ateliers au sein de l’association.

Mon travail consiste à accompagner les personnes dans leur chemin de création, d’apporter l’élément qui va enclencher le dessin, la peinture… J’observe, je cherche ce qui pourrait intéresse chacun. Je partage aussi mes observations avec les éducateurs, quelques fois les proches pour soutenir la personne dans son projet d’atelier. Les personnes avancent d’un chemin d’expression vers un chemin de création.

L’artothèque est un moyen de montrer et de conserver les œuvres. C’est une mémoire des ateliers. Pour les personnes qui choisissent que leurs travaux fassent partie du fonds, cela change leur rapport aux arts plastiques. Exposer peut être aussi une partie du chemin de création.

N’oublions pas que si nous trouvons ces productions belles aujourd’hui, c’est grâce à un cheminement culturel. Petit à petit, depuis la fin du XIXème siècle les artistes, les collectionneurs puis le grand public se sont passionnés pour le travail plastique des personnes en situation de handicap.

L’artothèque permet aussi de mettre un cadre à toutes les demandes d’exposition que l’on reçoit. »

Valérie met en œuvre une autre approche pour faire participer les personnes à l’atelier.

« J’utilise à chaque séance quelque chose qui va les raccrocher au réel, un contact avec l’extérieur. Il n’y a pas un jour d’atelier qui se ressemble. Quand je les vois peindre, je me régale. Je participe avec eux à chacune des grandes toiles communes que nous créons. J’esquisse parfois les grandes lignes pour amorcer quelque chose vers ma démarche, mon concept. Nous fabriquons ensemble les couleurs.

Je choisis de sortir des lieux lors de partenariat comme avec le Collège d’Ostwald par exemple. Avec ma camionnette atelier, nous avons peint ensemble, collégiens, résidents pour créer une grande toile. »


Valérie ou Valoo de son nom d’artiste, et Véronique rappellent l’importance de l’accident qui bouscule les habitudes. Dépasser c’est essentiel.

L’artothèque est le reflet de tous ces ateliers d’arts plastiques qui font de la « peinture un jeu sérieux jubilatoire ou expiatoire »